Jean-Guy Henckel, « faire fonctionner ensemble social, écologie et économie »

 

 « Quand on passe devant un jardin de Cocagne, on voit essentiellement des serres et des légumes qui poussent, mais on n’imagine pas les trésors d’ingéniosité qu’il faut développer pour pouvoir accueillir et s’occuper de publics en difficulté. Il nous faut en particulier composer avec le paradoxe de l’insertion : nous créons un endroit bienveillant, accueillant, où les gens se ressourcent et règlent plein de problèmes… mais nous demandons, dans un deuxième temps à la grosse majorité d’entre eux (certains, qui avoisinent les 60 ans, vont finir leur carrière chez nous) de quitter ce lieu qui les fait aller mieux. Ils se sont remis dans le monde professionnel, ils ont reconstruit un projet, ils se sont formés, et nous leur demandons de partir.

 

Une des spécificités du plateau de Saclay, ce sont toutes les entreprises, et donc tous les emplois, qui y sont implantés. Les liens privilégiés que nous créons sur ce territoire sont autant de possibilités de trouver du travail pour les personnes qui sortent de notre jardin. Un exemple : un supermarché du secteur qui nous a aidés via sa fondation. Son directeur s’intéresse à nous et est souvent venu nous voir. Et quand il ne trouvait pas de magasinier ou d’employé au rayon fruits et légumes, il s’est adressé à Cocagne pour embaucher.

Ces liens avec l’entreprise apportent quelque chose d’extraordinaire dont on parle peu : spontanément, quand des gens en difficulté se retrouvent avec des chefs d’entreprises, ils se regardent en chiens de faïence, les uns pensant beaucoup de mal des autres et réciproquement. Mais quand ils apprennent à se connaître, les a priori tombent Les patrons s’aperçoivent que les jardiniers de Cocagne se lèvent à 5h du matin, été comme hiver, qu’ils travaillent dans un jardin où la terre est basse, par temps glacial ou grosses chaleurs, tout cela pour gagner un smic. En un mot, ils réalisent qu’ils font d’énormes efforts pour essayer de s’en sortir et sont le contraire des feignants qu’on annonce partout. Et nos jardiniers s’aperçoivent que, bien entendu, les chefs d’entreprise sont là pour gagner de l’argent et faire du business, pour que leur boutique tourne, mais qu’ils ne sont pas obligés d’être des tyrans pour cela et que certains exercent leur management de façon tout à fait honorable. Ces liens servent aussi à réparer cela. »  

 

 

Et si cet extrait du témoignage de Jean-Guy Henckel vous a intéressé.e...

... le texte intégral est dans le livre Talents que vous pouvez trouver ici