Claire-Lise Weill-Rabaud, des engagements, toute sa vie :

 

« C’était avant que n’intervienne la loi portée par Simone Veil et on sait dans quelles conditions. Bien que n’étant pas du même bord politique que la plupart des militantes du planning familial que nous étions, elle a eu le courage de dire ce qu’il en était, qu’il était absolument indispensable de voter cette loi. Et les huées qu’elle a eues ! Et les termes scandaleux qui ont été émis à son égard ! Le planning était à ses côtés, toutes bien soulagées de voir que cette loi avait toutes les raisons d’être adoptée. Cela allait représenter un énorme pas en avant, tout en sachant que l’acquis, dans quelque domaine que ce soit, est toujours fragile.

Avant que la loi ne soit votée, nous avions convenu que nous participerions à des interruptions volontaires de grossesse. Elles étaient tout à fait interdites, faites par des équipes de médecins dans les cabinets médicaux de certaines militantes gynécologues. Notre équipe du planning familial était présente auprès de ces femmes, soulagées et contentes de pouvoir être reçues et de bénéficier d’une IVG dans les meilleures conditions d’hygiène. Je ne crois pas me rappeler qu’aucune d’entre nous ait été menacée ou accusée, mais il fallait quand même se méfier, en ayant conscience que Marie-Louise Giraud, pour avoir pratiqué 27 interruptions volontaires de grossesse, avait été guillotinée le 30 juillet 1943. Ce n’était pas si loin !

Ce fut un grand soulagement quand nous avons appris que la loi avait été votée par les députés, puis par les sénateurs un mois plus tard et finalement promulguée le 17 janvier 1975. Il n’y avait plus de risque à pratiquer ! C’était un progrès formidable ! La période juste après la loi a été pour moi très importante : nous rencontrions au vu et au su de tous, des femmes qui souhaitaient avorter. Elles demandaient qu’on les aide à interrompre leur grossesse. Le problème était qu’il y avait beaucoup de temps d’attente. Mais la solidarité était de rigueur : celles qui pouvaient être prises à temps en France acceptaient de payer une participation, de façon à ce que celles qui n’avaient pas eu la même chance puissent être prises en charge et emmenées aux Pays-Bas ou en Angleterre. Ces femmes étaient très nombreuses et c’était un gros travail, on passait des après-midi entiers à tout organiser. C’était quand même très positif, dans le sens où elles faisaient connaissance les unes avec les autres et qu’une solidarité se créait.» 

 

 

 

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... le texte intégral est dans le livre Talents que vous pouvez trouver ici