Sebastian Castelier, « un Giffois parti vivre à l’étranger sa passion du journalisme » :

« Hormis quand on fait des photos lors de meetings politiques où les photographes se « transpirent les uns sur les autres », prenant quasi tous « la même image », le photojournaliste cherche en général à faire des photos « différentes », en trouvant des angles originaux.

Lors d’un reportage sur la récolte des noix de coco dans le Kérala, au sud de l’Inde, je suis monté au sommet d’un cocotier pour suivre les travailleuses et faire des photos « vues d’en haut ». A Oman, je voulais montrer à quel point la ville de bord de mer de Kumzar était enclavée entre deux falaises. Pour ce faire, pas d’autre solution que de grimper à travers un éboulis de cailloux, par une chaleur frôlant les 50°C. Autre exemple au Bangladesh : le pays avait voulu être classé dans le livre Guinness des records pour le plus grand nombre de personnes (254 000) chantant l'hymne national. Il fallait rendre compte, à travers mes photos, de cette immense masse humaine, chacun portant une casquette verte et rouge aux couleurs du drapeau du pays et entonnant l’hymne, la main sur le cœur. Au milieu de la foule, il y avait plusieurs tourelles, d’environ 15 m de haut, construites en bambous ficelés les uns aux autres pour constituer des échelles qui allaient de plates-formes en plates-formes. C’était très « casse-gueule » et ce jour-là, je n’ai pas regretté mes nombreux cours d’escalade pris à Gif quand j’étais plus jeune.

Dans les zones de guerre, s'ajoute au métier, déjà compliqué, le danger immédiat. Il est difficile de jongler entre l’importance d’assurer sa sécurité et la nécessité de faire son travail. On sait bien sûr à quoi s’attendre. Au-delà du casque et du gilet pare-balle, la réalité d’une zone de guerre prévaut. Des risques dont sont victimes plusieurs dizaines de journalistes chaque année. Ce « journalisme de ligne de front », que j’ai expérimenté en allant en Ukraine lors de la guerre du Donbass, se concentre sur l’action et n’est pas le métier que je souhaite faire. Lors des dizaines de reportages réalisés en Irak, j’ai toujours voulu regarder au-delà de l’actualité immédiate, faire ce pas de côté qui donne plus de profondeur au sujet et permet au lecteur de « comprendre » en s’intéressant aux conséquences. Par exemple, dans les territoires où Daech avait été implanté, je voulais montrer les populations « après » : les enfants nés « sous Daech » qui n’avaient, du coup, pas d’existence légale parce que non déclarés à l’État irakien ou les milliers de Mossouliotes devenus sourds à cause des pluies d’obus qui se sont abattues sur leur ville… » 

Et si cet extrait du témoignage de Sebastian Castelier vous a intéressé.e...

... le texte intégral est dans le livre Talents que vous pouvez trouver ici