Yvan Lubraneski, « six ans de démocratie aux Molières » :  

 

 « En 2013, soit plus d’un an avant les élections municipales, nous avons, à quelques-uns, décidé de travailler sur un projet pour Les Molières, mais en ouvrant dès le départ notre groupe à toute personne désireuse d’être là pour œuvrer pour la commune, ce, quelle que soit sa couleur politique : pas de question de droite ou de gauche, nous voulions juste agréger les gens qui avaient envie de participer. La question de « qui seraient les 19 à se présenter aux élections » n’est venue qu’après et c’est ce qui a été intéressant dans la démarche : la démocratie la plus aboutie est finalement quand les gens sont capables de se choisir, par l’effet que produit le collectif sur les individualités.

Nous nous sommes retrouvés jusqu’à 60 à travailler sur le projet et cela a vraiment eu du sens d’être nombreux à discuter de ce que nous imaginions pour notre commune. Nous avions tellement ratissé large, tellement impliqué les uns et les autres qu’à la fin, on s’est retrouvés seuls à se présenter. (...) Christian Michel, libéral-anarchiste suisse, dit qu’il ne doit pas y avoir d’élection dans une vraie démocratie car cela donne un vainqueur et des perdants. Effectivement, c’était la victoire de tous.

C’est cependant seulement au bout de trois années d’initiatives venant prouver qu’on faisait vraiment coopérer les uns et les autres sans sectarisme, qu’on ne s’enfermait pas sur nous-mêmes, qu’on co-construisait les projets, que j’ai senti que cela commençait à irriguer l’ensemble des habitants. Aujourd’hui, la politique fonctionne plus par la preuve que par la parole. Même si nous avions dès le départ annoncé la couleur de notre projet (« Pour nous, il n’y a pas les élus d’un côté, les citoyens de l’autre. »), certains disaient « Oui, mais vous ferez comme tout le monde. » Nous avons mis trois ans à démontrer le contraire et on continue à le faire. Désormais, ceux qui en doutaient sont convaincus que « oui, les citoyens sont réellement associés aux décisions ». Il n’y a plus de contentieux. Certains nous envoient même des signaux : « On est désolés, on n’a pas le temps de participer, mais on sait qu’on peut le faire et c’est cela le plus important. »

Sur le mandat, l’implication des citoyens a frôlé, je pense, les 10% (alors que 3% serait déjà suffisant). Environ 200 personnes ont participé, à un moment ou à un autre. Sur les 2 000 habitants que compte Les Molières, c’est énorme. Une bonne moitié des familles du village est concernée de près par la chose publique. »

 

 

 

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