Joël Martin, passé « Comtesse » dans  l’art de décaler les sons : 

 

« J’ai tout de suite été conquis par ce mélange de rigueur (il faut que les phonèmes soient conservés), de fantaisie, de voltige intellectuelle, de non prise au sérieux de soi-même, et avec même, un rire de résistance. La nature nous a dotés des moyens de nous reproduire en éprouvant de délicates satisfactions mais quand il s’agit de les évoquer, il ne faut pas ! La contrepèterie est un moyen de parler de ces choses-là sans en parler tout en en parlant.

J’ai des origines huguenotes. Un jour, un pasteur de Palaiseau, qui adorait la contrepèterie, m’a proposé de venir à leur consistoire annuel avec mes bouquins. Ses collègues riaient de bon cœur, mes livres par-taient comme des petits pains, jusqu’à l’arrivée d’un pasteur qui avait tout de suite déclaré : « Je trouve cela malsain. » Les autres eurent beau lui dire qu’ils trouvaient cela bien, au contraire, moi lui expliquer que « ces cochonneries, j’en parle en ménageant la pudeur et que seuls ceux qui ont envie de chercher les voient. », il a continué à violemment critiquer. Je lui ai alors répondu : « Cher monsieur, la contrepèterie, un art bien gaulois, est en fait une auberge espagnole : chacun y trouve ce qu’il veut y trouver ». En général, les gens font montre de beaucoup de bienveillance et il est rarissime que j’entende de tels jugements moralisateurs. La contrepèterie a cela de magique que quand les gens la pigent, ils explosent de rire. Alors que la phrase toute crue ne fait rire personne. » 

 

 

Et si cet extrait du témoignage de Joël Martin vous a intéressé.e...

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