Tome 2 : du nouveau sur le Plateau depuis Terres précieuses 1

Depuis début 2015, l’urbanisation a progressé à pas de géants sur le sud du Plateau de Saclay et bon nombre des 656 hectares prévus pour la ville sont d’ores et déjà bétonnés sur les ZAC de Moulon et de Polytechnique. Les pylônes du métro entrecoupent désormais les espaces ouverts qui faisaient la beauté du Plateau. Au fil des pages de ce livre, les agriculteurs pointent les inconvénients de l’urbanisation : pertes de terre (Emmanuel Laureau a fait sa dernière récolte sur 70 hectares très fertiles, cultivés par sa famille depuis 1884 ; la ferme expérimentale de Moulon est passé de 130 à 25 hectares ; les Vandame vont laisser des terres pour la ligne 18 ; la Vauve est « un anachronisme face au béton qui envahit le paysage »), difficultés de circulation des engins agricoles, obligations d’arrêter maïs ou féveroles à cause des corbeaux qui dévastent les semis... La vie des agriculteurs sur ce territoire historiquement agricole est de plus en plus compliquée.

La ferme de la Closeraie, initié par la commune de Magny-les-Hameaux
La ferme de la Closeraie, initié par la commune de Magny-les-Hameaux

Pourtant, l’agriculture n’a pas dit son dernier mot.

Depuis 7 ans, des agriculteurs se sont installés (Serge Coussens a redonné vie, en la drainant, à une parcelle du bord du Plateau où plus rien ne poussait), des jeunes ont repris l’exploitation familiale (Jonas et Mélanie Delalande à la ferme de Romainville), des vignerons ont planté des vignes sur les terres de Vauhallan. Les Loges-en-Josas et Bièvres, suivant l’exemple de Magny-les-Hameaux, pionnière en ce domaine avec la ferme de la Closeraie, ont décidé de rendre des terres de la commune à l’agriculture, en y installant des maraîchers. Roland Rondelet, avec sa reconversion d’apiculteur, a apporté au territoire un produit local supplémentaire. Olivier Marcouyoux, berger itinérant, veut, avec son troupeau de moutons, renouer avec l’apport de l’animal dans les systèmes de production végétales.  

Et c’est à Châteaufort, sur le Plateau de Saclay, que les ÉPIs, épiceries participatives, qui mettent en lien producteurs et consommateurs, ont été inventées en 2016, avant d’essaimer sur toute la France. 

 

La ferme de Viltain fait désormais ses yaourts sur place, grâce à sa conditionneuse
La ferme de Viltain fait désormais ses yaourts sur place, grâce à sa conditionneuse

D'autant plus que...

... les femmes et les hommes qui faisaient l’agriculture du Plateau de Saclay en 2015 sont toujours là (eux ou leurs successeurs : trois jeunes ont repris la ferme familiale, Julien Thierry (2015), Vincent Bailly (2016), Théophile Letierce (2020) et Élisabeth Nicolardot a trouvé une repreneuse pour ses écuries de Favreuse) et continuent à faire vivre leurs terres en innovant, comme l’exprime si bien Benoît Dupré : « Le monde bouge autour de nous, nous faisant trouver d’autres solutions, explorer d’autres pistes, aller de l’avant. » Montrant à quel point l’agriculture de proximité est nécessaire (et le sera de plus en plus, on l’a vu en période de crise, avec le Covid, quand Charles Monville avait deux fois plus de commandes de poulets bio ; quand l’AMAP démontrait encore plus son côté « essentiel » en maintenant ses distributions), tous les agriculteurs du Plateau sont, d’une manière ou d’une autre, allés encore plus vers les consommateurs et les demandes de la société, au cours de ces sept années.

Certains en passant en bio (en 2017, la ferme Vandame (entièrement) et la ferme de Villaroy ; en 2021, la ferme d’Orsigny). D’autres, en utilisant tous les progrès de la science pour éviter au maximum l’utilisation de produits phytosanitaires (la ferme de Viltain) ou en testant au champ des engrais plus naturels (la ferme de la Martinière). La plupart, avec plus de circuits courts (la laiterie de Viltain lui permet de fabriquer ses yaourts sur place et de les vendre désormais dans les restaurations d’entreprise et les lycées franciliens ; le jardin de Cocagne de Limon fournit 500 paniers, 48 semaines par an ; Allavoine valorise des plantes Made in Île-de-France et le Végétal local).

Et Terre et Cité n’a pas été en reste, avec un foisonnement d’actions aux côtés des agriculteurs pour préserver l’agriculture sur le Plateau de Saclay et faire qu’elle continue de compter sur le territoire.